Struttura che mangia l'Insalata,
de G. Anselmo,
- ou, les 24 heures de la vie d'une salade
 |
Ligoté par un fil de cuivre à la pierre la plus dure
qui soit - le granit - un végétal des plus fragiles;
étrange totem, à qui on aurait fait l'offrande
d'une salade? Dispositif botanique original, ou stèle
funéraire généreusement ornée? Si le végétal,
ici, semble être mis en avant, il est aussi comme bridé,
suffoqué par la pierre. - Revanche du monde minéral
? En temps normal, l'herbe, mauvaise, s'infiltre dans
la pierre et sape l'édifice. Ici, la pierre a le dessus,
solide et polie. Plus de ruine alors ? Regardons bien: aux pieds de
la stèle, il y a de la sciure. D'où vient-elle?
Pudique recouvrement des traces d'un sacrifice sanglant, ou
allusion aux cendres, à la poussière vers laquelle tout
corps organique retournera? Quoi qu'il en soit, ce bloc de granit
pourrait bien être le monument au mort - anonyme...-
qu'est la salade, qui se meurt sous nos yeux, avatar en arte
povera de ce que fut le chou dans la vanité
hollandaise du XVIIe siècle.
Anselmo voulait « laisser respirer la matière »,
la laisser vivre (mourir) seule et montrer en mouvement sa caducité.
Autel sur lequel est immolée son immortalité rêvée,
La salade donne à voir sa propre désagrégation.
Ruine tangible et organique, que l'exposant sans cesse renouvelle,
démiurge éphémère d'une vie plus
éphémère encore.
|