Claude Monet (1840 Paris-1927 Giverny) s'initie
à la peinture de plein air sur les conseils de Boudin, rencontré
au Havre. Il côtoie Renoir, Sisley et Bazille dans l'atelier
de Charles Gleyre, remporte des succès modérés
avec ses tableaux de figures et est influencé par la peinture
de Turner. En 1874 il expose chez Nadar une vue du port du Havre intitulée
Impression, soleil levant (1872), titre qui déplaçait
déjà l'accent du motif (le port) sur l'expérience
visuelle elle même, sur l'instant saisi dans une paradoxale
épaisseur. Les critiques se déchaînent, Jules
Castagnary en particulier, et donnent au groupe de peintres de l'entourage
de Monet le nom d'impressionnistes, qu'ils garderont. Monet, mettant
à profit la découverte que la couleur est lumière
et que de ce fait l'effet chromatique est modifié selon les
intensités lumineuses, réalise des séries
(celle des meules ou celle, plus connue, des vues de la cathédrale
de Rouen) qui travaillent autour de la variation des phénomènes
optiques selon l'heure et la luminosité, suivant un paramètre
atmosphérique. Ce travail sériel, qui s'imposa en tant
que principe artistique reflétant avec justesse les conditions
de production de l'art à l'ère de la reproduction mécanisée,
conduisait déjà à un effacement du motif, désormais
secondaire, au profit du pur travail sur la perception et la reconstruction
des impressions nouvelles.
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