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Devant l'enlèvement, je ressens une tension. Je me sens moi-même mis en mouvement (pris d'é-motion). Un mot de Goethe cité par Didi-Huberman (L'image survivante, p.210) est ici éclairant : « en face de ses propres souffrances ou des souffrances étrangères, l'homme ne dispose que de trois sentiments : la peur, la terreur et la pitié, c'est-à-dire le pressentiment inquiet d'un malheur qui s'approche. » Tout est dans cette imminence : comment rendre plastiquement la frayeur de la menace actualisée mais pas encore complètement (ce regard terrorisé d'Europe) ? comment susciter chez le spectateur le sentiment d'une action qui est en train de se nouer sous ses yeux? Un travail sur les torsions et les tensions -relayé par une touche violente et épaisse- du muscle agressif pour le prédateur, du muscle résistant pour la proie, contribue à un tel effet. Goethe, devant le Laocoon, forge une théorie de la représentation de la dynamique à laquelle répondent nombre d'Enlèvements :
(1) J.W. Goethe, 1798, « Sur Laocoon », Ecrits sur l'art, Paris, Flammarion, 1996, p.169-170, cité par G. Didi-Huberman, L'image survivante, p.207.
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