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procédés


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Ravier Séon Jacquet, Prince, Becher

Les œuvres de Ravier, Séon, Jacquet, Prince et Becher n’ont à première vue pas grand chose en commun : les supports utilisés (toile, photographie, sérigraphie), les motifs traités (paysage, scènes mythologiques, bulldozer, hauts fourneaux, visages de femmes), les couleurs ( tonalités chaudes ou froides, traitement en noir et blanc), les formats des œuvres présentent une grande diversité qui n’est en fait que le reflet naturel des préoccupations d’artistes appartenant à des époques différentes. Néanmoins, le choix du montage en série fait apparaître des liens de filiation entre ces artistes qui renouvellent à chaque fois l’usage et le sens du procédé sériel.

 

François-Auguste Ravier (Lyon 1814, Morestel 1895)

François Auguste Ravier, d’abord notaire à Paris, puis peintre paysagiste influencé par l’école de Barbizon, se voit refuser ses œuvres au salon de Paris en 1839. Il part alors en Auvergne où il rencontre Camille Corot, puis fait le grand tour à la découverte des paysages latins et de leur lumière. De retour à Lyon, il arpente le Dauphiné, le Velay et le Forez et campe son chevalet avec Corot, Daubigny, Noirot, et Ranvier dans la vallée d’Optevoz. Il s’installe définitivement à Morestel où il décède en 1895, atteint d’une maladie des yeux. Triste ironie de sort. Ravier trouve donc son inspiration dans les variations colorées et les lumières vaporeuses que la nature dauphinoise lui offre au gré des saisons. Mais loin d’un paysage rompu aux règles académiques, il fait de ce motif un genre majeur, à la suite des Romantiques et des peintres de Barbizon.

La série du lac d’Alvéa est avant même la figuration d’un paysage identifiable (l’étang à la Levaz) un hymne à la matière. Ravier travaille le mélange pigmentaire en recherchant les effets à partir du dégradé de la matière, en ménageant empâtements et parties fondues. « Je continue à suivre ma folie. Tout est dans le ciel. Les nuages et l’atmosphère me grisent, toujours nouveaux. C’est l’inépuisable, l’infini. » Ces quatre toiles représentent autant de variations sur le thème de l’eau et du ciel, du ciel qui se reflète dans l’eau, de l’eau qui reflète le ciel : thème fécond de la couleur-lumière. Impressionniste avant l’heure, Ravier élabore une œuvre qui rappelle, par le choix du motif (nature, eau, ciel), le traitement plastique qui lui est réservé (touche apparente, palpable), l’étude sérielle du paysage et de ses tonalités (bleu orangé) le chef d’œuvre de Monet Impression soleil levant (1874), oeuvre qui annonce aussi, par les sonorités des couleurs, le fauvisme.

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