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Né au début du XXe siècle dans une famille juive, au pays des icônes - la Russie -, émigré aux Etats-Unis où il participe au renouveau de l'art américain d'après guerre, Mark Rothko a subi les turbulences de ses origines et de son siècle. Tour à tour post-impressionniste, dessinateur de scènes urbaines, puis tenté par le surréalisme et le symbolisme, enfin initiateur de l'expressionnisme abstrait, avant de concevoir une chapelle et d'aboutir à une nouvelle forme de minimalisme. Son œuvre résulte d'une tension entre un besoin d'exprimer la vérité de son temps et l'impossibilité de le faire avec les moyens dont il dispose. Ce n'est, a-t-il expliqué, que poussé par la nécessité d'exprimer simplement la vérité qu'il a délaissé la figuration. En réalité, il semble que ce soit en créant un dialogue entre sa propre culture, sa tradition familiale, et l'esprit de son temps, qu'il ait élaboré son style. Les gigantesques tableaux abstraits (non pas "grandioses", mais "intimes et humains" dit-il) de sa période la plus connue ne représentent rien, car la Loi juive l'interdit, mais rendent présent "l'esprit" et la "vérité" qu'il recherche. Il écrit dans un manifeste - "nous optons pour l'expression simple de la pensée complexe. Nous préférons la forme ample parce qu'elle a un impact univoque. Nous préférons les formes planes parce qu'elles détruisent l'illusion et révèlent la vérité." On comprend pourquoi ses œuvres ont trouvé leur place dans une chapelle - lieu par lequel, selon G. Didi-Huberman, l'Absence est manifestée non comme une chose, mais par "l'autorité, toujours bouleversante, d'un événement, d'une apparition." Par des chemins différents, l'art de ceux qui bâtissent les églises, l'art de ceux qui peignent les icônes et l'art d'un Mark Rothko se retrouvent dans la même intention de dépasser la figuration et de faire de l'art non un outil de copie, mais "le seul moyen de concrétiser le sens de l'esprit." (Rothko) |
