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art ancien


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l'icône le tableau de dévotion le grand genre religieux

Un tableau de dévotion personnel, c'est un panneau de dimensions réduites (donc transportable), appartenant à un individu, utilisé pour la prière. Ce qui le distingue de l'icône, hormis la facture, c'est qu'il n'est pas objet de vénération. C'est dans l'usage social que l'on en fait que gît la différence majeure. L'art du tableau de dévotion a été surtout développé par les primitifs flamands et italiens des XIVe et XVe siècles.

« On en fit un usage subjectif donnant lieu à la projection dans l'image d'associations personnelles. Ainsi, la figure divine apparaissait comme un interlocuteur avec qui l'on pouvait exprimer son chagrin en manifestant de la compassion et échanger des consolations. La relation intersubjective entre Jésus et le croyant en contemplation présuppose ce qu'il est convenu d'appeler la dévotion (devotio), c'est-à-dire le dialogue religieux qu'une communauté ou un individu entretient avec un interlocuteur imaginé d'une certaine façon. Lorsque cette relation prend appui sur une image qui présente le personnage figuré comme un partenaire vivant, on peut parler de dévotion à l'image. »
H. Belting, L'image et son public au moyen âge

 

Dans ce tableau de R. van der Wayden, l'émotion des visages est contenue. Le peintre cherche à éveiller la compassion et la dévotion intérieures du spectateur, à l'opposé des visages bien plus expressionnistes des peintres Italiens.

 

Spiritualia sub metaphoris corporalium

« Le réalisme [des peintres flamands]... reste enraciné dans la conviction que les objets matériels sont, pour citer saint Thomas d'Aquin, les "métaphores corporelles des choses spirituelles", et ce n'est que beaucoup, beaucoup plus tard que cette conviction sera répudiée ou rejetée dans l'oubli. »
E. Panofsky, Les primitifs flamands

Autrement dit, dans une toile flamande, chaque objet est à prendre comme une allégorie, chaque construction fait sens, chaque parcelle du monde matériel est en lien direct avec des réalités célestes. Le crâne presque toujours représenté sous la Croix, plus qu'une vague allusion à la mort qui attend chacun, reprend la croyance selon laquelle Adam serait enterré sous le mont Golgotha, c'est-à-dire là où le Christ est mort pour ramener les morts à la vie en Dieu. Dans une toile de cette sorte, ce n'est pas la beauté du monde que l'on exalte, au contraire le peintre montre que toute chose peut et doit conduire à la dévotion.

Quatre panneaux de L'agneau mystique, retable de J. Van Eyck, cathédrale St Bavon, Gand

   

Dans le panneau au centre droit, par exemple, le linge blanc et la bassine indiquent la virginité de Marie.

 


Schématiquement - si l'icône était l'incarnation des réalités célestes, la peinture de dévotion, dans la tradition flamande, en est la métaphore.

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